LA GARE D’ARLES DANS L’OMBRE DU TORERO

Les chemins de fer sont très présents dans la série, à juste titre car Dick Hérisson habitant à Paris emprunte régulièrement les lignes de la Compagnie du PLM (Paris-Lyon à la Méditerranée) pour rejoindre Arles et la région Sud-Est où réside son ami Jérôme Doutendieu et où se situent les premières intrigues auxquelles le détective est mêlé.
Une autre raison que j’entrevois est aussi que Didier Savard aime bien l’ambiance des chemins de fer d’avant guerre mais c’est une intuition qui mérite d’être explorée dans un prochain sujet.

Commençons par le début, la gare d’Arles dans L’ombre du torero.
Elle fait son apparition tardivement tout à la fin de l’album dans une belle case en plan large en haut de la page 44 (planche 42) occupant toute la largeur de la planche.
Savard a manifestement soigné cette partie du récit quand Dick Hérisson rejoint la gare d’Arles pour rentrer à Paris, un moment mis à profit par l’auteur pour révéler au lecteur que le détective futé n’est pas tant Dick Hérisson que le journaliste Jérôme Doutendieu qui, tel Hercule Poirot, en fin observateur, démêle les fils les plus ténus de l’intrigue.

Dick Hérisson prenant le train pour Paris, c’est logiquement la grande gare de la Compagnie du PLM que Savard aurait dû dessiner, or il n’en est rien.
Le bâtiment dessiné par Savard est en fait inspiré par la modeste gare de la Compagnie des Chemins de Fer de la Camargue édifiée sur l’autre rive du Rhône, dans le quartier de Trinquetaille où justement réside Savard.
Plus précisément, Savard a composé sa « gare d’Arles » en mélangeant des motifs provenant de la gare des CdF de la Camargue et du bâtiment administratif de la gare maritime de Trinquetaille.
De la première, Savard a conservé le toit à voliges sur le bâtiment voyageurs, a reproduit les annexes marchandises en arrière-plan mais il a supprimé les deux ailes du bâtiment voyageurs et a refermé la cour par un mur et un portail alors que sur le site réel la rue dépasse la gare.
Du second, Savard a reproduit le bâtiment sans ailes, les ouvertures en cintre et l’assemblage de briques et de pierres de taille des murs d’angle de l’annexe, ainsi que le principe du mur et du portail délimitant la cour.

La case de la montée dans le train de Dick Hérisson restitue assez fidèlement l’ambiance du quai de la gare du CdF de Camargue sur une carte postale d’époque au point qu’on peut se demander si Savard ne s’est pas servi de ce document pour construire sa case.
Il est amusant de remarquer que Groucho Marx, cigare au bec et valise en pogne, s’avance sur le quai pour rejoindre sa voiture.
Les voitures voyageurs sont imaginaires car elles ne sont absolument pas conformes à des voitures de grande ligne de la compagnie du PLM, et même invraisemblables au regard du nombre réduit de fenêtres, sans parler des portes d’accès qui ne sont pas positionnées symétriquement d’une voiture à l’autre… mais peu importe à Savard qui ne se soucie guère de réalisme pourvu que l’atmosphère d’époque soit bien évoquée.
Malgré tout, on pourra observer que la façade arrière de la voiture de queue a un air de ressemblance avec celle des voitures Decauville mises en service sur le réseau des Chemins de Fer de Camargue en 1949, donc postérieurement aux aventures de DH.
Peut-être, Savard s’est-il inspiré de ce matériel pour imaginer ses voitures, encore que la montée dans les voitures Decauville s’effectue non pas aux extrémités mais au milieu.

En conclusion de cet article, la magnifique illustration en pleine page (46-planche 44) du pont ferroviaire sur le Rhône orné de deux lions majestueux confirme l’intérêt que Didier Savard porte aux chemins de fer.

Un avis sur « LA GARE D’ARLES DANS L’OMBRE DU TORERO »

  1. Cher Monsieur, jadore vos articles. Vous etes un vrais detective...literraire. Merci de partager vos decouverts avec nous autres fans de Savard. Jespere vous rencontrer un jour, Dodo Nita

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